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les voies de l’amour

N’étaient-ce point encore quelques beaux jours d’été qui revenaient au milieu de l’automne ? Leur vie d’étudiants revenait tout entière ; il leur semblait la revivre une seconde fois, mais combien plus douce puisqu’elle était exempte des déboires possibles aux examens et surtout de l’inconnu de l’avenir.

Des artistes aux pinceaux délicats ou hardis auraient trouvé maints sujets à composition dans cette salle où la gaieté, régnant en maîtresse, stimulait davantage l’appétit de ces convives qui passaient déjà pour de belles fourchettes, fouettait fortement l’imagination de ces convives qui avaient déjà fait d’amples provisions d’histoires et de souvenirs avant de se réunir. Elle illuminait brillamment ces faces qui n’avaient plus rien de l’austérité et de la sévérité du médecin. Les yeux pétillaient d’un feu ardent ; et les langues qui connaissaient si bien la retenue en avaient oublié les règles.

Au bout de la table, Michel Toinon, l’amphitryon, d’ordinaire si sérieux, souriait plaisamment sous sa grosse moustache noire. Son œil avait perdu l’acuité habituelle du regard. On n’y voyait plus rien, non plus, de cette teinte de tristesse et de mélancolie qui lui venait souvent quand certains souvenirs secouaient les cendres de son passé. Il était gai, mais sa gaieté n’avait rien de factice ni de trop bruyant. Il recevait ses amis joyeusement, princièrement et c’était un vrai plaisir pour lui