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les voies de l’amour

couverts d’un fin duvet, et à leur donner à manger des miettes de pain mouillé dans nos petites mains. Nous riions aux éclats quand nous sentions le picotement des petits becs dans le creux de nos mains ; mais nous faisions la grimace et cependant nous n’osions pas retirer nos mains, quand la grosse mère des poussins s’en venait majestueusement, sous son plumage gonflé, voler, de son gros bec pointu et dur, la pitance de ses petits enfants. Nous avions peur et cependant nous étions contents parce qu’alors nous pouvions mettre plus facilement toute la nichée dans le tablier brodé de ma petite amie. Et puis c’était après le tour des canetons que nous mettions dans un grand bassin rempli d’eau claire pour les y voir jouer ou courir après les miettes de pain que nous leur jetions. Heureux temps des joies enfantines, comme il est passé depuis longtemps ! mais comme son souvenir est resté vivace !

« Je cherchais constamment toutes les occasions et tous les moyens de plaire à ma petite voisine que j’aimais tant. J’en eus une belle occasion. Mon père avait une belle chatte d’Espagne qu’il aimait beaucoup. Un jour, notre chatte eut une portée de cinq ou six chatons aussi beaux qu’elle. Mon père choisit celui qu’il voulait élever ; quant aux autres, il leur attacha au cou un bout de corde liée à une pierre pesante dans le but de les noyer. Je le regardais faire et j’avais de grosses larmes. « Pourquoi