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les voies de l’amour

rapidement et les années fuyaient, emportant des plaisirs, en créant d’autres et consolidant de plus en plus notre amitié mutuelle. Quand le temps de l’école fut arrivé, j’allais conduire Andrée jusqu’à la porte du couvent, puis je rentrais moi-même à l’autre école. Après la classe, je sortais toujours le premier pour courir au-devant de ma petite amie qui m’attendait toujours. Je portais ses livres enveloppés dans une flanelle verte. Souvent je l’aidais à faire ses devoirs, mais hélas ! ils étaient moins bien alors. Les jours de congé, nous les passions toujours ensemble, à la fin de l’été, tantôt à cueillir les beaux fruits encore suspendus aux branches des pommiers et des pruniers, tantôt à pêcher les petits poissons que nous attirions près du pont japonais en leur jetant des miettes de pain ; à l’automne, à couper les dernières fleurs de nos jardins ou à arracher les plants pour les rentrer dans les serres qui répandaient déjà une douce chaleur ; pendant l’hiver, nous aimions glisser dans nos traînes sauvages ou patiner, montés sur ces anciens patins que nous vissions sur le talon de nos bottines. La neige disparue au retour du printemps, lorsque l’herbe reverdissait, que les arbres fruitiers refleurissaient, nous aimions, armés de nos petites bêches, suivre nos jardiniers et creuser comme eux la terre et la préparer à recevoir les plantes qui entr’ouvraient déjà leur corolle dans nos serres. Nos