Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/144

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chantés, s’y précipitent ; l’homme seul attend encore, et, différent sur ce point des êtres vivans, il ne sait marcher dans cette route que guidé par l’amour. Dans ce temple de l’union des êtres, où les nombreux enfans de la nature se réunissent, desirer et jouir étant tout ce qu’ils veulent, ils s’arrêtent et sacrifient sans choix sur l’autel du plaisir ; mais l’homme dédaigne ces biens faciles entre le desir qui l’appelle, et la jouissance qui l’excite ; il languit fièrement s’il ne pénètre au sanctuaire : c’est là seulement qu’est le bonheur, et l’amour seul peut y conduire… Ô mon Élise ! je ne te tromperai pas, et tu m’as devinée ; oui, il est des momens où ces images me font faire des retours sur moi-même, et où je soupçonne que mon sort n’est pas rempli comme il aurait pu l’être : ce sentiment, qu’on dit être le plus délicieux de tous, et dont le germe était peut-être dans mon cœur, ne s’y développera jamais, et y mourra vierge. Sans doute, dans ma position, m’y livrer serait un crime, y penser est