Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/146

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meilleur des hommes ? Il me chérit, je le révère, je donnerais mes jours pour lui ; d’ailleurs n’est-il pas le père d’Adolphe, de Laure ? Que de droits à ma tendresse ! Si tu savais comme il se plaît ici, tu conviendrais que ce seul motif devrait m’y retenir ; chaque jour il se félicite d’y être et me remercie de m’y trouver bien. Dans tous les lieux, dit-il, il serait heureux par sa Claire ; mais ici il l’est par tout ce qui l’entoure ; le soin de sa manufacture, la conduite de ses ouvriers, sont des occupations selon ses goûts ; c’est un moyen d’ailleurs de faire prospérer son village ; par là il excite les paresseux et fait vivre les pauvres ; les femmes, les enfans, tout travaille : les malheureux se rattachent à lui ; il est comme le centre et la cause de tout le bien qui se fait à dix lieues à la ronde, et cette vue le rajeunit. Ah ! mon amie, eussé-je autant d’attrait pour le monde qu’il m’inspire d’aversion, je resterais encore ici ; car une femme qui aime son mari, compte les jours où elle a du plaisir