Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/158

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t-il dit. — Beaucoup ? non. — La quitteriez-vous sans regret ? — Elle me plaît : mais je crois qu’au bout de peu de jours je n’y penserais plus. — Et moi, mon ami ? — Vous ! s’est-il écrié en se levant, et courant se jeter dans ses bras, je ne m’en consolerais jamais. — C’est bien, c’est bien, mon Frédéric, lui a dit M. d’Albe tout ému ; mais je veux pourtant qu’on aime ma Claire comme moi-même. — Non, mon père, a repris l’autre en me regardant, je ne le pourrais pas. »

Tu vois, Élise, que je suis un objet très secondaire dans les affections de Frédéric. Cela doit être : je ne lui pardonnerais pas d’aimer un autre à l’égal de son bienfaiteur. Je crains de t’ennuyer en te parlant sans cesse de ce jeune homme. Cependant il me semble que c’est un sujet aussi neuf qu’intéressant. Je l’étudie avec cette curiosité qu’on porte à tout ce qui sort des mains de la nature. Sa conversation n’est point brillante d’un esprit d’emprunt ; elle est riche de son propre fonds. Elle a surtout le mérite, in-