qu’en achetant son repos au prix d’une dissimulation continuelle, c’est plus que le payer de ma vie ; mais il n’est point de sacrifices auxquels je ne doive me résoudre pour lui. Que Frédéric cherche un prétexte de s’éloigner, me diras-tu ; mais comment en trouver un ? Tu sais qu’à l’exception de M. d’Albe, la mère de Frédéric était brouillée avec tous ses autres parens, et que son père était un étranger. Il n’a donc de famille que nous, de ressource que nous, d’amis que nous ; quelle raison alléguer pour un pareil départ, surtout au moment où il vient d’être chargé presque seul de la direction de l’établissement de M. d’Albe ? Que veux-tu que pense celui-ci ? Il le croira fou ou ingrat ; il m’en parlera sans cesse ; que lui répondrai-je ? Ou plutôt il soupçonnera la vérité ; il connaît trop Frédéric pour ignorer que la crainte de nuire à son bienfaiteur est le seul motif capable de l’éloigner de cet asile : mais du moment que les soupçons seront éveillés sur lui, ils le seront aussi sur moi ; il se rappellera mon
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