Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/229

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m’avouais point encore que je vous aimais ; mais souvent, lorsqu’attiré vers vous par mon cœur, encouragé par la touchante expression de votre amitié, je me sentais prêt à vous serrer dans mes bras, par un mouvement dont je ne me rendais pas compte, je m’éloignais avec effort, je n’osais ni vous regarder, ni toucher votre main, je repoussais même jusqu’à l’impression de votre vêtement ; enfin, je faisais par instinct ce que j’aurais dû faire par raison. Cependant un jour… Claire, oserai-je vous le dire ? un jour vous me priâtes de dénouer les rubans de votre voile ; en y travaillant, mes yeux fixèrent vos charmes, un mouvement plus prompt que la pensée m’attira, j’osai porter mes lèvres sur votre cou : je tenais Adolphe entre mes bras, vous crûtes que c’était lui, je ne vous détrompai pas, mais j’emportai un trouble dévorant, une agitation tumultueuse ; j’entrevis la vérité, et j’eus horreur de moi-même.

Enfin ce jour, ce jour fatal où ma lâche faiblesse vous a appris ce que vous n’auriez