besoin : quand je me sépare de Frédéric, nul n’a le droit de douter de mon courage. Ah ! sans doute cet inconcevable effort me relève de ma faiblesse, et plus le penchant est irrésistible, plus le triomphe est glorieux ! Non, non, si le cœur de Claire fut trop tendre pour être à l’abri d’un sentiment coupable, il est trop grand peut-être pour être soupçonné d’une lâcheté. Pourquoi M. d’Albe paraissait-il donc craindre de me laisser seule avec Frédéric dans ces derniers momens ? Croyait-il que je ne saurais pas accomplir le sacrifice en entier ? Ne m’a-t-il pas vue regarder d’un œil sec tous les apprêts de ce départ ? ma fermeté m’a-t-elle abandonnée depuis ? Enfin, Élise, le croiras-tu, je n’ai point senti le besoin d’être seule, et de tout le jour je n’ai pas quitté M. d’Albe ; j’ai soutenu la conversation avec une aisance, une vivacité, une volubilité qui ne m’est pas ordinaire ; je parlais de Frédéric comme d’un autre, je crois même que j’ai plaisanté ; j’ai joué avec mes enfans, et tout cela, Élise, se
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