de moi, je voudrais en ôter tout le monde, je voudrais m’en ôter moi-même… Lorsque le jour paraît, je sens mon mal redoubler. Que d’instants comptés par la douleur ! Le soleil se lève, brille sur toute la nature, et la ranime de ses feux ; moi seule, importunée de son éclat, il m’est odieux et me flétrit : semblable au fruit qu’un insecte dévore au cœur, je porte un mal invisible… et pourtant de vives et rapides émotions viennent souvent frapper mes sens ; je me sens frissonner dans tout mon corps, mes yeux se portent du même côté, s’attachent sur le même objet ; ce n’est qu’avec effort que je les en détourne. Mon âme, étonnée, cherche et ne trouve point ce qu’elle attend ; alors plus agitée, mais affaiblie par les impressions que j’ai reçues, je succombe tout-à-fait, ma tête penche, je fléchis, et dans mon morne abattement je ne me débats plus contre le mal qui me tue.
Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/316
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