une teinte de pédanterie qui lui enlève un des premiers charmes de son sexe, l’abandon. Une femme, en effet, est précieuse, parce que sa sévérité est toujours une complaisance, parce que ses vertus touchent presque à la faiblesse, puisque le milieu, qui est la douceur, n’est qu’une faiblesse commencée. Madame de Genlis abjura ces ressources, et revêtit un caractère d’autorité qui souleva les prudes, en imposa aux sots, amusa les connaisseurs, et surprit ceux qui n’ont pas le temps d’examiner. Comme écrivain, madame de Genlis a une mesure qu’elle ne peut outrepasser : ses vues ne sont pas larges, ses conceptions ne sont pas fortes, ses efforts pour s’élever ne portent qu’à une certaine hauteur. La monotonie de la médiocrité est insupportable dans les longs ouvrages. Mille comédies comme celles de madame de Genlis ne donneraient pas une bonne scène. Ses préceptes se répètent. Elle n’est au-dessus d’elle-même que lorsqu’elle se loue elle-même, ou qu’elle dit du mal d’autrui. Alors son imagination se féconde. Quand elle se loue, c’est en révélant une à une ses qualités, avec lesquelles il faut insensiblement familiariser l’envie. C’est une
Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/69
Apparence