Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 12.djvu/152

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et le présentant à Élisabeth, il lui dit d’une voix affaiblie :

« Prends ceci, ma fille ; c’est le seul bien que j’aie à donner, le seul que j’aie possédé sur la terre ; avec lui je n’ai manqué de rien. »

Elle le pressa contre ses lèvres avec un vif transport de douleur, car l’abandon d’un pareil bien lui prouvait que le missionnaire était sûr de n’avoir plus qu’un moment à vivre.

« Pauvre brebis abandonnée, ajouta-t-il avec une grande compassion, ne crains plus rien, car voilà le bon pasteur du troupeau qui veillera sur toi ; s’il te prend ton appui, il te rendra plus qu’il ne te prend, fie-toi à sa bonté. Celui qui donne la nourriture aux petits passereaux, et qui sait le compte des sables de la mer, n’oubliera pas Élisabeth.

— Mon père, ô mon père ! s’écria-t-elle en serrant la main qu’il étendait vers elle, je ne puis me soumettre à vous perdre…

— Mon enfant, reprit-il, Dieu l’ordonne : résigne-toi, calme ta douleur, dans peu d’instants je serai là-haut, je