Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 12.djvu/171

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aimant votre père ; le ciel vous protégera. »

Il la fit entrer avec lui dans sa barque, et navigua jusqu’à moitié du fleuve ; alors, ne pouvant aller plus loin, il prit la jeune fille sur ses épaules, et marchant sur les glaces, en se soutenant sur son aviron, il atteignit sans accident l’autre rive de la Volga, et y déposa son fardeau. Élisabeth, pleine de reconnaissance, après l’avoir remercié avec toute l’effusion du cœur le plus touché, voulut lui donner quelque chose. Elle tira sa bourse, qui contenait un peu moins de trois roubles :

« Pauvre fille, lui dit le batelier, en regardant son trésor, voilà donc tout ce que tu possèdes, tout ce que tu as pour te rendre à Pétersbourg, et tu crois que Nicolas Kisoloff t’en ôterait une obole ? Non, je veux plutôt y ajouter : cela me portera bonheur, ainsi qu’à mes six enfants. »

Alors il lui jeta une petite pièce de monnaie, et s’éloigna en lui criant :

« Dieu veille sur toi, ma fille ! »

Élisabeth ramassa sa petite pièce de monnaie,