Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 12.djvu/173

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

trop sentir la distance qui la séparait de ses parents, elle leur préférait beaucoup le sapin ; le sapin était l’arbre de l’exil, l’arbre qui avait protégé son enfance, et sous l’ombre duquel ses parents se reposaient peut-être en cet instant. De telles pensées la faisaient fondre en larmes.

« Oh ! quand les reverrai-je ! s’écriait-elle, quand entendrai-je leurs voix ! quand retournerai-je de ce côté pour tomber dans leurs bras ! »

Et, en parlant ainsi, elle tendait les siens vers Casan, dont elle apercevait encore les tours dans le lointain, et au-dessus de la ville, l’antique forteresse des kans de Tartarie, se présentant sur le haut des rochers, d’une manière imposante et pittoresque.

Le long de sa route, Élisabeth rencontrait souvent des objets qui portaient dans son cœur une tristesse à peu près semblable à celle qui naissait du sentiment de ses propres malheurs : tantôt c’étaient des infortunés enchaînés deux à deux, qu’on envoyait soit dans les mines de Nertchinsk, pour y travailler