Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 12.djvu/185

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de force pour aller chercher un asile. Ces gens s’étonnent, la questionnent encore, et veulent savoir quel argent elle possède pour faire une si longue route. Elle tire de son sein la petite pièce de monnaie du batelier du Volga, et la leur montre.

« Voilà tout, s’écrient-ils.

— Tout, leur répondit-elle. »

À ces mots, les bandits se regardent l’un l’autre ; ils ne sont point touchés, ils ne sont point émus : l’habitude du crime ne permet pas de l’être, mais ils sont surpris ; ils n’avaient point l’idée de ce qu’ils voient ; c’est pour eux quelque chose de surnaturel, et cette jeune fille leur semble protégée par un pouvoir inconnu. Saisis de respect, ils n’osent pas lui faire de mal ; ils n’osent pas même lui faire du bien ; ils s’éloignent en se disant entre eux :

« Laissons-la, laissons-la, car Dieu est assurément auprès d’elle. »


Élisabeth se lève et fuit le plus vite qu’elle peut du côté opposé ; elle entre dans la forêt. À peine y a-t-elle fait quelques pas, qu’elle voit quatre grandes routes formant