Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 12.djvu/29

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quittaient plus. Ah ! si elle avait pu ne pas s’affliger du chagrin de son époux, peut-être aurait-elle aimé leur exil.

Phédora, quoiqu’âgée de plus de trente ans, était belle encore ; également dévouée à son époux, à sa fille, et à son Dieu, ces trois amours avaient gravé sur son front des charmes que le temps n’efface point. On y lisait qu’elle avait été créée pour aimer avec innocence, et qu’elle remplissait sa destinée. Elle s’occupait à préparer elle-même les mets qui plaisaient le plus à son époux ; attentive à ses moindres désirs, elle cherchait dans ses yeux ce qu’il allait vouloir, pour l’avoir fait avant qu’il l’eut demandé. L’ordre, la propreté, l’aisance même, régnaient dans leur petite demeure. La plus grande pièce servait de chambre aux deux époux ; un grand poêle l’échauffait, les murs enfumés étaient ornés de quelques broderies et de divers dessins de la main de Phédora et de sa fille ; les fenêtres étaient en carreaux de verre, luxe assez rare dans ce pays, et qu’on devait au