Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 12.djvu/53

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s’exaltant par cette pensée, il se persuada que la rencontre de la veille n’était pas un coup du hasard, qu’une mutuelle sympathie avait agi sur Élisabeth comme sur lui, et il était impatient de lire dans ce cœur innocent la confirmation de tout ce qu’il osait espérer. Ah ! qu’il était loin de deviner ce qu’il devait y lire un jour !



Cependant, depuis la visite de Smoloff, la tristesse de Springer avait pris un caractère plus sombre. Le souvenir de ce jeune homme si aimable, si généreux, si intrépide, lui rappelait sans cesse l’époux qu’il aurait désiré à sa fille : mais sa triste position lui interdisant toute pensée de ce genre, loin de désirer le retour de Smoloff, il le craignait ; car Élisabeth pouvait être sensible, et c’eût été le dernier terme du malheur pour son cœur paternel, que de voir sa fille atteinte par la secrète douleur d’un amour sans espoir.



Un soir, plongé dans ses rêveries, la tête entre ses deux mains, le coude appuyé sur le poêle, il poussait de profonds soupirs.