Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 12.djvu/86

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vous aider, son devoir le lui défend ; mais, je vous le jure, il ne punira pas votre père d’avoir donné le jour à une fille si vertueuse. Ah ! qu’il s’enorgueillirait au contraire de vous nommer la sienne ! Élisabeth, pardonnez, c’est malgré moi que mon cœur se déclare : je sais bien qu’il ne peut y avoir de place dans le vôtre pour un autre sentiment que pour celui qui l’occupe, je n’attends donc rien ; mais, s’il vient un jour où vos parents, rendus à leur patrie, soient heureux, et vous tranquille, souvenez-vous alors que dans ces déserts Smoloff vous vit, vous aima, et qu’il eût préféré y vivre obscur et pauvre avec Élisabeth, fille d’un exilé, à tous les honneurs que le monde pourrait lui offrir. »

Il ne peut achever, des larmes étouffent sa voix : lui-même s’étonne d’une si extraordinaire émotion : car jusqu’alors il n’avait jamais été faible, mais jusqu’alors il n’avait point aimé.

Cependant Élisabeth est demeurée immobile ;