Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 2.djvu/8

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teurs de ta jeunesse oublieront bientôt que tu passas sur la terre. Mais tant que le ciel, en me retenant à la vie, m’empêchera de rejoindre la plus chère partie de moi-même, le cruel instant qui nous arracha l’une à l’autre ne s’effacera point de mon souvenir. Je verrai toujours ce sourire qui voulait me consoler, ce regard qui s’éteignit en me parlant encore… — Madame, la chaise est prête, s’écria un jeune enfant, en venant interrompre Malvina au milieu de ses gémissemens. Il fut bientôt suivi d’une femme d’un certain âge, qui, voyant Malvina à genoux sur la neige, la poitrine collée sur une pierre glacée, fit une exclamation de douleur. « Bon dieu ! madame, voulez-vous donc mourir auprès de milady ? Que le ciel soit béni de l’obligation où vous êtes de vous éloigner d’ici ! Durant un hiver aussi rigoureux vous n’auriez pas résisté aux visites que vous faites la nuit et le jour à ce tombeau. » Malvina se leva sans lui répondre, à peine l’avait-elle entendue ; car il est des douleurs qui isolent du reste du monde ;