Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 4.djvu/240

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CHAPITRE LVII.

Deux malheureux pleurent ensemble.


Je tire le rideau sur les tristes scènes qui suivirent : il faut avoir perdu ce qu’on aime pour savoir ce qu’est cette douleur ; mais ce n’est pas assez pour la peindre, les moyens humains ne peuvent atteindre jusque là. Qu’est-ce donc quand il s’y joint celle plus vive, s’i1 est possible, de trouver en soi la cause de ce qu’on souffre, et d’être poursuivi nuit et jour par cette voix intérieure qui crie que nous avons nous-mêmes attiré notre malheur ? Cependant Edmond ne se regardait pas comme le seul auteur de cette funeste mort ; dans sa douleur forcenée, il en accusait la nature entière, il accablait d’imprécations les deux femmes dont l’odieux accord avait trompé Malvina, et, la première fois qu’on lui présenta Fanny, dans l’espérance que cette