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tarde parfois que par la notion partout répandue d’une politique et d’une morale avancées. Compréhension élevée du patriotisme, pratique intelligente des instructions, dignité et tenue des assemblées gouvernementales, force de la famille, respect de la femme, sens de la pitié et de la solidarité, ce sont là des qualités auxquelles un peuple ne parvient que par la triple coopération du temps, du bien-être et de la culture mentale. La Grèce homérique y avait atteint ; elle allait en déchoir.

Vers le xime siècle avant Jésus Christ, les Doriens descendus des vallées thessaliennes où ils avaient âprement vécu, commencèrent d’envahir le Péloponèse. Ce fut une conquête de barbares. Les plus énergiques, les meilleurs des Hellènes, ne pouvant résister, durent s’expatrier. Le long des côtes de l’Asie Mineure et dans les îles, de nombreuses colonies furent fondées par eux. Sur les autres — ceux qui restèrent — s’appesantit le joug pesant d’un État déjà cristallisé dans sa médiocrité. Trompés par les beautés architecturales et littéraires de l’ordre et du mode dits Doriens, certains auteurs ont exalté Sparte. Leur enthousiasme a égaré l’opinion. Sparte fut plutôt une épine au flanc de la Grèce. On peut dire qu’elle ne produisit rien de bon, car la virilité même qu’on y cultivait fut sujette à d’étranges éclipses, à de lamentables effondrements. L’i-