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Page:Coubertin - Conférence faite à la Sorbonne au Jubilé de l’U.S.F.S.A. (Manuscrit de novembre 1892).pdf/1

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Conférence faite à la Sorbonne
au Jubilé de l’U.S.F.S.A. nov. 1892

Les exercices physiques ont dans le monde moderne trois capitales : Berlin, Stockholm et Londres — d’où sont issus [mot tracé] sortis pour rayonner ensuite sur d’autres régions trois systèmes basés sur des idées bien connues du monde antique, incomplètement ou inconsciemment admises par le moyen-âge et la renaissance et la guerre que trois mots résument : la guerre, l’hygiène, le sport. Je voudrais [mot tracé] en préciser très rapidement les traits caractéristiques, indiquer leur marche à travers le présent siècle temps présent et vous décrire enfin la part de la France dans ce grand mouvement qu’on a si justement nommé : la renaissance physique.

I

Le siècle qui débuta si tragiquement et qui s’achève et dont la naissance fut aujourd’hui entourée de tant de dans une paix troublée et incertaine et dont le début fut marqué par des évènements si sanglants succédait à un siècle de grande activité intellectuelle et de véritable inertie physique. Il y aurait peut-être lieu de chercher dans ce contraste [à demi-effacé : trop] les causes premières de certains de ces déséquilibrements dont nous souffronsencore. Mais cela n’est pas de notre domaine. Constatons seulement que partout à la aurore d’un fin du XVIIIème siècle les exercices violents, les jeux virils sont passés de mode et que les hommes vont chercher ailleurs la distraction et le plaisir. L’Angleterre elle-même présente sous ce rapport un aspect bien fait pour surprendre. Ce n’est plus l’Angleterre des Tudors qui vivait dans le plein air et en goûtait toutes les ivresses et ce n’est pas encore l’Angleterre de Thomas Arnold et des créateurs de l’éducation athlétique. C’est un peuple indécis chez lequel des brutalités natives cotoient se mêlent à une sorte d’amollissement étrange qui pourrait bien être la préface de la décadence, si Napoléon n’allait venir pour rendre à la consolider la Grande Bretagne, comme le vent du nord arrête un dégel. En France, les jeux de paume sont déserts ; on y échange des serments, mais on n’y joue plus. Le temps est loin ou le Sire de Gouberville poussait un ballon, sur les plages du Cotentin, les dimanches après midi