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Mais est-il juste de dire que cet état d’esprit ne modifie pas la guerre elle-même ? Si ; il la modifie parce qu’il tend à en atténuer la barbarie et les vilains aspects. Une armée de sportsmen sera plus humaine, plus pitoyable dans la lutte, plus calme et plus douce après. Il ne saurait y avoir de doute à cet égard. La guerre hispano-américaine l’a prouvé, et nul ne devrait plus oublier la sublime parole du chef américain calmant ses hommes dont les hourrahs saluaient l’enfoncement dans les flots d’un navire espagnol : « Don’t cheer ! they are dying ! » (N’acclamez pas ; ils meurent). Cette parole-là était une parole sportive, s’il en fut, et cette morale-là, qui sera, espérons-le, la morale de l’avenir, se trouvera grandement aidée dans sa diffusion par les sports.

Ce qui semble donc exact en ce qui concerne la question que nous traitons, peut être résumé comme suit. Les sports ne tendent pas à rendre la jeunesse plus belliqueuse, mais seulement plus militaire, c’est-à-dire qu’ils lui donnent le sentiment de sa force sans l’inciter