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de là, la croyance à une corrélation fatale entre la vie des hommes et la marche des astres dont une atmosphère pure et calme permettait mieux qu’ailleurs de suivre les mouvements. C’est pour observer les astres que les Chaldéens élevèrent leurs massives constructions à sept étages en briques (la pierre fait défaut en Chaldée) et c’est pour étayer leurs observations qu’ils « inventèrent » en quelque sorte les mathématiques en lesquelles se complut et se reposa leur esprit inquiet et méfiant.

Par Babylone l’écriture cunéiforme[1] des Sumériens fut transmise aux alentours. Les Élamites l’employaient à Suse dès l’an 2500. L’usage s’en répandit jusqu’en Cappadoce et en Égypte. Il semble qu’en somme la civilisation sumérienne ait submergé celle des Élamites qui lui était peut-être antérieure et dont les fouilles de Suse ont révélé, bien qu’imparfaitement encore, la réelle importance. Ce qui nous surprend le plus de la part de ces Chaldéens, ce sont les résultats scientifiques auxquels ils parvinrent. Les « tables » de calculs astronomiques exhumées à Sippar (ville qui était située sur l’Euphrate au-dessus de Babylone) dépassent l’imagination. Lorsque les Grecs d’Alexandre entrèrent à Babylone, n’y trouvèrent-ils pas des relations d’observations sidérales accumulées depuis dix neuf cent trois ans sans discontinuité. Or cela se passait en 331 av. J.-C. C’est donc en 4234 que les dites observations avaient commencé d’être enregistrées !… Sippar était la « ville des livres ». Plus loin Warka (l’Erech de la Bible) fut le siège d’écoles où les scribes d’Assurbanipal vinrent au viiie siècle, chercher les éléments de la bibliothèque de Ninive.

La rivalité de Ninive et de Babylone se dessina de bonne heure. Dès 1370, les rois d’Assyrie se sentaient assez puissants pour intervenir à Babylone mais on dirait qu’avant de l’attaquer de front pour s’en emparer, ils aient cherché à se « faire les griffes » sur des adversaires moins bien armés. C’est ainsi que Teglatphalasar Ier (1130-1090) se tourna vers la Syrie et l’Arménie pour y conduire des guerres fructueuses. Après lui, il y eût un fléchissement, un recul ; dans cet intervalle se placent pour les Hébreux, les règnes célèbres de David et de Salomon (1000-931) et pour la ville phénicienne de Tyr, sa période de grande prospérité. Le brutal et cruel Assournazirabal III et son fils

  1. On nomme ainsi des caractères en forme de coin, de clou ou de tête de flèche, toujours semblables entre eux mais variant dans leur disposition les uns par rapport aux autres.