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AVANT-PROPOS

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La préhistoire est cette portion indéterminée des annales humaines sur laquelle la science moderne, malgré ses efforts, n’est encore parvenue à recueillir que des renseignements épars et insuffisants. La période préhistorique n’a cessé de croître en durée en même temps qu’elle reculait dans le passé. En effet les fouilles opérées dans le sol ont mis au jour les ruines de nombreux monuments construits par les premières sociétés civilisées ; et en même temps ont été retrouvées et exhumées les traces de foyers primitifs établis bien plus anciennement par des hommes déjà groupés et progressant en commun mais non encore capables de constituer des États organisés.

Ainsi a-t-on été amené d’une part à connaître près de soixante siècles d’histoire proprement dite et de l’autre à entrevoir une préhistoire d’une durée infiniment supérieure. Entre l’une et l’autre la frontière n’est pas fixe et ne saurait l’être car il est possible que des découvertes futures la reportent davantage en arrière. D’une façon générale on peut dire que l’histoire commence avec l’enchaînement des faits. Des faits isolés sans liens continus entre eux ne la sauraient constituer. L’histoire est un tissu. La préhistoire au contraire ne se compose que de matériaux que leur nature ou leur quantité ne rendent point propres à fournir la trame d’un pareil tissu.

De toutes les questions qui relèvent de la préhistoire, aucune à coup sûr ne serait plus passionnante à élucider que celle des origines de l’humanité. Mais elle demeure des plus obscures.

La parenté de l’homme et de l’animal est indiscutable ; on ose dire qu’elle est indiscutée, puisque, d’après le catéchisme lui-même « l’homme est un animal raisonnable » : définition à laquelle nul ne saurait refuser de souscrire. Mais quelle est cette