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histoire universelle

possédaient leur autonomie et une dynastie séparée dont le fondateur, Achémenès, aurait vécu vers l’an 688. Ils occupaient une région plus au sud (le Farsistan actuel) qui les isolait davantage du dangereux contact assyrien auquel leurs congénères, les Mèdes, ne surent pas complètement résister. Les Perses étaient restés plus purs, plus vigoureux, plus complètement aryas. Tous les historiens s’accordent à les considérer comme la plus noble race de l’antiquité. La religion qu’ils professaient était, en tous cas, l’une des plus belles et des plus élevées.

Il est oiseux de discuter comme on l’a fait, avec une âpreté où s’indiquent parfois des jalousies ethniques ou confessionnelles, sur l’existence de Zoroastre ou le degré d’authenticité du Zend Avesta. Ce qui demeure intéressant ce sont les bases de la doctrine. Les Perses résolvaient le problème du mal en admettant que l’équilibre de la création ne peut se soutenir que par le jeu de forces contraires presque égales et toujours agissantes. À Ormuzd, principe du bien, s’oppose Ahriman, génie du mal. Mais un jour viendra où Ahriman s’avouant vaincu s’inclinera devant Ormuzd. Cette religion qui affirmait ainsi la croyance au progrès définitif proclamait en outre l’égalité morale des hommes, l’altruisme, la noblesse du travail. « Il est un saint homme, celui qui s’est construit ici-bas une maison dans laquelle il entretient le feu, du bétail, sa femme, ses enfants et de bons troupeaux. Celui qui fait produire du blé à la terre, celui qui cultive les fruits des champs, celui-là cultive la pureté ; il avance la loi d’Ormuzd autant que s’il offrait cent sacrifices ». Ainsi parlent les livres saints, codifiant un enseignement séculaire. Une pareille religion ne pouvait se maintenir intacte ; elle était trop avancée pour son temps et, sur un plus grand théâtre, devait se corrompre. La recherche de la pureté morale fit naître une sorte de recherche fétichiste de la pureté physique. Le culte du feu, emblème de la purification, s’entoura de pratiques superstitieuses. L’astrologie des Mages dégénéra selon les rites chaldéens et il en sortit la magie. On n’en comprend pas moins d’où provenait la grandeur de la Perse et quel fut le germe de sa formidable résistance à travers les siècles. La race chez laquelle, selon Hérodote, on apprenait avant tout aux adolescents « à tirer de l’arc, à monter à cheval et à ne jamais dire un mensonge » domine de très haut l’époque où elle se révèle.

Pour cette révélation il lui fallait un chef. Ce fut Cyrus (558-529). En 549 il ravit aux Mèdes la suprématie et devint dès lors le chef de tout l’Iran. Alors commença pour la dynastie