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byzance

geste » apparaît en des poèmes populaires pleins d’allures. Ceux qui ont pris part ou assisté à des événements mémorables écrivent leurs « mémoires ». Les encyclopédies se multiplient. On se documente en assemblant des données sur les sujets les plus variés : médecine, agriculture, art militaire… On commente ces données et aussi les auteurs anciens qu’on ne cesse de recopier et de relire. Les bibliothèques grandissent ; à Byzance l’une d’elles en arrivera à contenir trente mille ouvrages. Cette richesse qui s’emmagasine et à laquelle les arts viennent ajouter leurs conceptions d’une splendeur persistante, ce sont les bagages de la future « Renaissance » que déjà l’on prépare sans le savoir car la Renaissance provoquera un immense transport d’idées classées et emballées par les Byzantins.

Le xme siècle que nous venons de citer compte parmi les plus glorieuses périodes de l’histoire de Byzance. C’est le temps où régna la dynastie dite « macédonienne » mais ainsi nommée contre toute raison puisque son fondateur Basile Ier était arménien. De mauvaises années venaient de s’écouler. Depuis le crime infamant d’Irène, des complots et des assassinats avaient ensanglanté le trône. Un soulèvement populaire d’un caractère nettement socialiste s’était produit (822-824). Il avait fallu reconnaître le titre d’empereur d’Occident conféré par le pape à Charlemagne. Les Arabes s’emparant de la Crète (826) l’avaient transformée en un centre d’affreuse piraterie d’où leurs flottilles ravageaient tout l’archipel. En Italie, Byzance ne possédait plus que quelques territoires vers le sud. L’année 813 avait vu les Bulgares s’emparer d’Andrinople. Sans doute Léon V puis Théophile avaient su raffermir quelque peu la situation mais elle était encore, à l’avènement de Basile, des plus précaires. Celui-ci — un paysan de carrure vigoureuse, tout à fait illettré mais d’une intelligence et d’une énergie peu communes — était venu vers 840 chercher fortune à Byzance. Il avait alors dix-huit ans. Pour avoir abattu un célèbre lutteur bulgare et dompté un cheval dont personne ne venait à bout, il obtint les faveurs de Michel III dont il flatta sans scrupules les instincts extravagants. D’abord écuyer en chef puis grand chambellan, il finit par être associé au trône. Quand il s’aperçut que son crédit tendait à baisser, il ne recula pas devant l’assassinat de son bienfaiteur. Qu’un homme d’un pareil cynisme