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histoire universelle

les pêcheurs continuèrent d’être souvent molestés. C’est au début du xvime siècle qu’Alger était tombée aux mains des frères Barberousse, fils d’un renégat grec et dont les navires sillonnaient la Méditerranée paralysant le commerce, faisant la traite et organisant sans cesse de fructueuses expéditions. Une fois possesseurs du territoire algérien — y compris Cherchell, Médéah et Tlemcen, — leur puissance décupla. Se disant vassaux du sultan, ils jouirent en réalité d’une absolue indépendance, protégés par la terreur qu’ils inspiraient. Une foule de bandits, de corsaires retirés, d’aventuriers sans foi ni loi se groupèrent dans cette néfaste principauté que Charles-Quint, au sommet de sa puissance, ne réussit pas à maîtriser. Bien qu’un peu atténué, cet état de choses dura jusqu’en 1830. La répression s’imposait. La France l’entreprit. Les derniers jours du règne de Charles X ses troupes s’emparèrent d’Alger et s’y établirent. La révolution de Paris compromit le succès de l’entreprise. Il s’en fallut de peu que Louis Philippe isolé en Europe ne cédât aux remontrances jalouses de l’Angleterre et ne consentît à l’évacuation d’Alger. L’annexion maintenue, force fut de l’étendre afin d’assurer la sécurité des premiers colons. Cette extension qu’illustrent les noms du maréchal Bugeaud, du général de Lamoricière et de leur valeureux et longtemps insaisissable adversaire l’émir Abd-el-Kader, dura un quart de siècle environ (1831-1855). Cette période est des plus importantes dans l’histoire des institutions militaires et coloniales de la France moderne. D’une part, l’Algérie fut, en ce temps, le champ d’entraînement de l’armée qui combattit en Crimée (1856), en Italie (1859), au Mexique (1863) pour réaliser les originales conceptions politiques de Napoléon III ; et ce fut la dernière des armées de métier françaises. D’autre part, cette même Algérie servit de jardin d’essai à l’inexpérience coloniale des nouvelles générations. Là cette inexpérience, après une longue série de maladresses et de tâtonnements, devait se muer en une compétence éclairée à l’aide de laquelle la Troisième république put établir et consolider son vaste empire exotique. En 1881 le protectorat de la Tunisie, en 1904 celui du Maroc vinrent dans des circonstances que nous aurons à évoquer plus tard, compléter la façade méditerranéenne de l’Afrique française désormais rattachée à la mère-patrie par de multiples liens administratifs et économiques.