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durée de son règne : ses gendres lui succédèrent. Le second d’entre eux se vit obligé de revenir à la tradition et de rouvrir les temples d’Ammon. Bientôt un Pharaon, d’ailleurs remarquable, du nom d’Horemheb, restaura intégralement le régime auquel Amenophis IV avait prétendu mettre fin. À la faveur de ces événements, de nombreuses insurrections avaient éclaté dans les territoires soumis et de nouveaux périls se dessinaient aux frontières. On note dans les documents qui sont parvenus jusqu’à nous les plaintes des gouverneurs auxquels on n’envoie pas les renforts demandés et aussi, de la part des souverains étrangers en correspondance avec la cour d’Égypte, un ton moins humble et moins respectueux que sous les règnes antérieurs.

Il est vrai que l’Égypte avait des ennemis de plus en plus nombreux et redoutables ; il y avait à cela deux motifs. Elle était trop riche ; elle était devenue le grenier de l’orient. Puis, à côté d’elle, s’étaient développés des peuples dont les convoitises grandissaient avec la force leur permettant de les faire valoir. Cette richesse devait être d’autant plus tentante à saisir qu’elle se trouvait principalement aux mains de l’État. Il appert en effet que le gouvernement des Pharaons se réservait le commerce international, ne laissant aux particuliers que le commerce intérieur. « Des lois protégeaient les industries locales et il était interdit aux ouvriers spécialistes de passer à l’étranger ».

Les « peuples de la mer », disent les chroniques, formèrent donc une coalition. Par cette expression il faut sans doute comprendre les Crétois et les Phéniciens. Ils s’entendirent avec les tribus lybiennes de la Cyrénaïque et peut-être même de la Tunisie actuelle. L’effort combiné fut dirigé moins contre l’Égypte entière que contre la portion du sol égyptien où se cantonnait le commerce international, c’est-à-dire le delta. Menephtah (1234-1214) qui régnait alors parvint à repousser les agresseurs mais, sous ses successeurs des hordes syriennes ravagèrent la région et la rançonnèrent. Après une période de décadence et d’anarchie, l’ordre fut restauré. La coalition, reformée d’une façon plus complète et redoutable, fut anéantie à la fois sur terre et sur mer par l’armée et la flotte de Ramsès III (1202-1171). Ce grand prince imbu des traditions anciennes se garda de pousser sa victoire jusqu’à l’offensive. Content d’avoir assuré la sécurité nécessaire, il employa tout le reste de son règne aux travaux de la paix, à accroître la richesse et le bien-être, à élever de beaux monuments, à développer la civilisation. Ce dernier des grands Pharaons gouvernait exactement comme ses lointains prédécesseurs de