plus tard, ils sont à Chypre. C’est vers cette époque qu’ont dû se passer les événements chantés dans l’Iliade ; ceux qui servent de trame à l’Odyssée seraient sensiblement plus récents. En ce temps, le nord-ouest de l’Asie-mineure devait être aux mains de Phrygiens apparentés à la civilisation aryenne. Le domaine de la culture chaldéenne était limité par le Taurus et le cours de l’Halys. Ces premiers Hellènes n’étaient pas tout à fait des commerçants au sens moderne de ce mot mais plutôt des pirates, métier dont Thucydide déclare qu’il « ne comportait point de honte et même n’allait pas sans quelque gloire ». Il est probable que les chefs hellènes d’alors ressemblèrent aux Normands du temps de Charlemagne « pillant les côtes sur leurs galères et s’établissant à l’entrée des estuaires fructueux ».
Sur ces entrefaites se produisit l’intervention dite dorienne. Elle dut commencer vers 1100 mais ne se manifesta pas sous forme d’invasion. Ce fut, si l’on ose ainsi dire, une infiltration pesante. Elle vint d’Illyrie et revêtit un caractère barbare. Ces peuplades illyriennes étaient franchement anti-helléniques ; les Hellènes se retirèrent devant elles. De l’Épire à la Macédoine tout le pays fut barbarisé et l’Adriatique, du nord jusqu’à Durazzo, resta fermée à l’hellénisme. Détachés de ces groupes et leur servant comme d’avant-garde étaient les Doriens qui parlaient une sorte de grec. Il y a là un certain mystère. On peut admettre pourtant qu’il s’agissait d’anciens aryens isolés, devenus barbares et dont le langage s’était conservé mieux que le caractère. Leur résistance ethnique, en effet, apparaît très faible. Leur randonnée conquérante s’exécuta avec une extrême lenteur. Ils occupèrent successivement la Thessalie, la Béotie, l’Argolide. Ils mirent cent ans à soumettre le Péloponnèse et ce n’est qu’au ixme siècle qu’ils atteignirent la Crète, Rhodes et sur la côte d’Asie-mineure, la péninsule de Carie. Partout là, firent-ils souche ?… guère. Delphes demeura, en pleine terre dorienne, un sanctuaire hellène et non dorien. À Olympie, le culte et les jeux s’hellénisèrent rapidement. Les admirateurs du soi-disant « génie dorien » sont forcés d’admettre que l’Attique lui resta toujours hostile et qu’en Béotie, en Argolide, en Thessalie même, la culture hellénique l’emporta finalement sur le dorianisme. Résultat heureux car voici ce que très justement Ad. Reinach écrit des Doriens : « Craignant l’esprit, soupçonneux de tout ce qui sort de la règle, confiants uniquement dans la force, les Doriens, tant qu’ils restaient fidèles à l’esprit de leur race n’étaient pas faits pour contribuer au développement de l’hellénisme dans tous les