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histoire universelle

de nouvelles et plus encore les fausses nouvelles devaient induire l’opinion en de constantes erreurs. Pendant ce temps, à Babylone, au comble de la gloire, Alexandre recevait des ambassadeurs étrusques, romains, carthaginois, ibères, celtes, scythes, éthiopiens. Il nourrissait d’énormes projets. Il voulait percer l’isthme de Suez qui, peut-être l’avait été déjà par le roi d’Égypte Nechao mais sans doute de façon insuffisante. Il voulait creuser des ports entre le golfe Persique et l’Inde Que n’eût-il fait car, quoiqu’en aient écrit maints historiens, on n’aperçoit pas en lui, à la veille de sa mort, de symptômes de déchéance intellectuelle mais il est vrai qu’il s’était diminué physiquement et moralement par les fêtes orgiaques dont il avait pris la triste habitude et qu’il gouvernait mal son sang exalté ; aux brusques colères alternées d’attendrissement auxquelles il était sujet venaient s’ajouter des crises de méfiance et de secrètes terreurs. Il avait de Babylone une peur superstitieuse mais il s’imposa de la surmonter et c’est là que, pris par la fièvre, il mourut le 13 juin 323, à trente deux ans après un règne de moins de treize ans « Maître de lui jusqu’à la fin, déjà sans voix mais non sans pensée, il assista au défilé de ses soldats devant son lit » puis il donna son anneau à Perdicas et rendit le dernier soupir. La stupeur fut inouïe ; pendant plusieurs jours, on n’osa point toucher à ses restes qui gardaient, dit-on, l’apparence de la vie et, pendant deux années, on n’osa point ensevelir définitivement le cercueil de métal précieux qui les contenait. Ses généraux pour délibérer s’assemblaient autour. Enfin le corps fut porté à Memphis puis à Alexandrie où il demeura. Trois siècles plus tard on prétend que César fit ouvrir le tombeau pour y poser une couronne d’or et des fleurs. On l’honorait encore au temps de Septime Sévère puis il fut profané et détruit nul ne sait par qui ni comment.


L’hellénisation du monde antique

Les guerres de la succession d’Alexandre durèrent quarante sept ans (323-276). Au début son héritage fut théoriquement dévolu à son frère qui règna en Macédoine et à son fils posthume proclamé roi en Asie. Antipater demeura régent pour l’occident et Perdicas le fut pour l’orient. Les autres se partagèrent l’administration des différentes satrapies mais avec l’intention bien arrêtée de s’y rendre promptement indépendants. En effet, leurs ambitions déchaînées les jetèrent les uns contre les autres.