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ROME

Un empire immense qui porte le nom d’une seule ville et cette ville elle-même, d’origine artificielle et n’ayant grandi que par la volonté tenace et quotidienne de ses dirigeants de parvenir à imposer leur domination d’abord à leurs proches voisins, puis à l’Italie, enfin à tout le monde méditerranéen — telles sont les anomalies qui caractérisent et résument l’histoire romaine. On y rencontre ainsi que l’impliquent de pareilles circonstances et de pareils sentiments, de la noblesse et de la servitude, des révoltes et de la coordination, des contrastes violents et une certaine monotonie.

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Il est convenu de considérer la fondation de Rome comme remontant à l’an 754 av. J.-C. Les légendes dont fut entouré rétrospectivement l’événement n’en sauraient dissimuler l’insignifiance. À cette date, l’Italie avait déjà derrière elle une assez longue histoire et comptait nombre de cités prospères. Bien des siècles auparavant, des Pélages chassés peut-être d’Illyrie avaient peuplé les côtes de la péninsule. Puis étaient arrivés, poussés sans doute hors de Gaule par les Celtes, des Ligures qui s’étaient établis dans la région de Gênes. Les Ombriens, anciens occupants, avaient eu leurs heures de gloire. Des guerres heureuses les avaient rendus maîtres de toute la plaine du Po. Ravenne est une des villes fondées ou développées par eux ; leur domination s’étendit également sur la plaine du Tibre. Entretemps, des émigrants hellènes donnèrent le jour à Métaponte, à Salente, à Bénévent — à Crunes surtout créée vers 1100 et qui engendra à son tour Pouzzoles, Parthénope mère de Naples et Messine. Le centre de l’Italie était occupé par des peuplades de peu d’importance dont les Latins — eux-mêmes divisés — et les Sabins, montagnards d’humeur batailleuse.

À ce moment s’affirma la civilisation des Étrusques. D’où venait ce peuple ? À quelle branche ethnique appartenait-il ? Son passage à travers l’histoire demeure enveloppé de brumes. On n’a pu encore ni déchiffrer son langage ni percer le mystère de ses origines bien qu’elles aient semblé lydiennes. Hérodote et Sénèque n’en doutaient point ; les arguments en faveur de cette thèse ont