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tard. Coïmbre en fut la capitale puis Lisbonne. Des chefs sages et équilibrés développèrent les richesses agricoles du pays. On exploita des mines. Un commerce naquit avec l’Angleterre et les Flandres. La dynastie bourguignonne s’étant éteinte, une dynastie de sang national lui succéda. Dès lors les progrès maritimes furent lents mais constants. Des Gênois et des Majorquais vinrent faire l’éducation des navigateurs portugais encore intimidés par le mystère océanique. Au xivme siècle une flotte se rendit aux Canaries. Lisbonne tendait à devenir une escale assez fréquentée. Alors s’exerça une initiative féconde. Le prince Henri (1394-1460) troisième fils du roi Jean Ier, fondateur de la nouvelle dynastie et dont la mère était anglaise s’éprit des découvertes géographiques. La légende a fait de lui un précurseur de Colomb. Ce qui le distingua, ce fut surtout son esprit scientifique. Jusque là les voyageurs étaient mus dans leurs recherches par l’intérêt personnel ; lui n’eut en vue que d’accroître les connaissances humaines. Aussi l’honore-t-on justement comme le créateur de la science géographique moderne. La côte d’Afrique, de son temps, livra ses secrets. En 1436 on explora jusqu’au Rio de oro et en 1446 on atteignit l’embouchure du Sénégal. Puis ce fut le Cap vert dont le nom évoque la surprise engendrée par cette verdure inattendue car la croyance en l’aridité totale de la zone torride était alors universellement répandue. La surprise fut plus grande encore lorsqu’au-delà du golfe de Guinée on dut constater le redressement vers le sud d’un rivage dont l’infléchissement vers l’est après Las Palmas avait semblé définitif. Et puis ç’allait être maintenant l’hémisphère austral à travers lequel on se trouverait sans guide, l’étoile polaire ayant disparu. L’astrolabe avait été jusqu’alors le seul instrument qui combiné avec la boussole, permit de se diriger. On mesurait l’angle formé par la direction de l’étoile polaire avec l’horizon et l’on savait ainsi approximativement la latitude et l’heure pendant la nuit. Que faire désormais ? Le prince Henri était mort, mais sa pensée avait survécu. Le roi Jean II (1481-1495) se préoccupa du nouveau problème ; il assembla une commission composée de ses deux médecins, d’un allemand de Nüremberg et de deux israélites. Après études et recherches, on convint de se baser sur la mesure de la hauteur méridienne du soleil. Pouvant calculer chaque jour la distance du soleil au pôle à midi, il est possible d’en déduire la latitude. Mais les navigateurs ne savaient pas faire les calculs nécessaires ; on les leur prépara au moyen de tables. Aussitôt les expéditions reprirent. En 1482 l’embouchure