constate que chez les Étrusques qui occupaient encore Felsina (Bologne) le luxe n’a pas diminué. Mais bientôt les Celtes reprennent leur marche en avant. Des fouilles opérées dans une localité au sud de Bologne racontent le drame : les temples et les maisons en ruines et dans les cendres des squelettes épars, des armes étrusques et celtes mélangées. Ici eut lieu une suprême bataille. Vers 340 les Celtes atteignaient l’Adriatique. On les signale alors au nord de Ravenne. Pendant un demi-siècle, ils vivent en paix avec les Romains mais s’étant laissé entraîner dans une alliance avec les Samnites, ils subissent une défaite grave (293). En 284 Rome passe de la défensive à l’offensive. Le rivage de l’Adriatique est conquis. Dès lors ce que les Romains ont appelé depuis la « Gaule cisalpine », par opposition à la « Gaule transalpine » (France), se trouve à leur merci. Mais ils prennent leur temps, occupés ailleurs ; et un autre demi-siècle passe. En 225 la lutte décisive survient ; trois ans plus tard, Milan est pris (222). C’est l’heure où sévit le duel épique entre Rome et Carthage. Annibal en Espagne a soumis les tribus celtes indépendantes et lutte encore contre ces tribus mixtes qu’on nomme Celtibères et dont le nom indique le croisement originaire. Maintenant il voudrait entraîner tous les autres Celtes dans sa querelle. Il n’y parviendra pas. Les Celtes se méfient de lui : des contingents isolés et numériquement faibles répondent seuls à son appel et chose curieuse, d’autres contingents de même sang combattent presque aussi nombreux avec Rome contre Carthage. Le fait est incessant dans l’antiquité car chaque race compte de ces hommes aventureux pour qui la bataille corps à corps est un sport passionnant dont il leur est impossible de se passer. Ce qu’Annibal n’a pas obtenu en 218, en 207 son frère Asdrubal est sur le point de le réaliser. Voilà encore un de ces grands tournants où l’histoire semble avoir hésité au croisement des chemins. Que fut-il advenu si le monde celte coalisé eût épousé alors la cause de Carthage, et détruit Rome ?…
Mais précisément le monde celte n’était pas coalisé et ne pouvait l’être. Il subissait depuis l’an 300 environ un curieux phénomène ; il se tassait au centre et s’effilochait à la périphérie. Les Belges ou Celtes du nord étaient descendus jusque vers Reims et Soissons ; les Helvètes se pressaient au pied des