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le préceptorat romain

les Arvernes (Auvergne). Ceux-ci étaient en rivalité avec les Éduens (Autun) lesquels comptaient parmi les « amis » du peuple romain. Car dès alors, les Celtes regardaient du côté de Rome, les uns avec une hostilité méfiante, les autres avec une sympathie admirative. Les Arvernes et les Allobroges vaincus, les légions ne se retirèrent pas. Une nouvelle « province » fut créée, à peu près le triangle Toulouse-Nice-Genève. Narbonne en fut la capitale. Marseille enclavée, conservait son territoire et ses privilèges. La première voie romaine, la via Domitia ainsi nommée du consul qui l’établit, pénétra sur le sol celte, unissant les Alpes aux Pyrénées.

Tout aussitôt — fut-ce coïncidence ou résultat de l’ébranlement produit par répercussion à travers toute la Gaule[1] — la première grande invasion germanique se produisit. Elle venait du nord. À sa tête marchaient les Cimbres bientôt suivis par les Teutons : noms nouveaux sous lesquels comme le dit A. Grenier, il faut voir « des bandes mixtes, d’origine diverse, en quête de terres et d’une nationalité ». Les Cimbres avaient commencé par attaquer les Celtes de Bavière et de Bohème et menacer l’Illyrie. Une armée romaine envoyée à leur rencontre avait été détruite mais renonçant on ne sait pourquoi à profiter de leur victoire, les Cimbres remontèrent vers le Rhin, le passèrent (109 av. J.-C.) et repoussés par les Belges, trouvant une complicité naïve chez les Helvètes, ils commencèrent de piller et de dévaster la vallée du Rhône et les régions environnantes. De 109 à 105, les légions romaines intervinrent à quatre reprises et sans succès contre ces barbares. Jamais l’opinion n’a prêté une attention suffisante à ces années périlleuses pendant lesquelles les destins de l’occident européen furent en jeu ni rendu un hommage approprié à l’énergie romaine qui apporta le salut. Marius, à Aix, l’an 102, anéantit les envahisseurs teutons et, l’année suivante, ce fut à Verceil dans la haute Italie le tour des Cimbres. D’une si terrible épreuve la Gaule sortait à demi ruinée ainsi qu’en témoignent les tombes de cette époque ; leur pauvreté contraste avec la richesse de celles de l’époque précédente. Les ressources de leur sol pouvaient promettre aux Celtes une réfection rapide mais il eût fallu pour cela ou que la menace germanique disparut ou que

  1. Nous emploierons désormais ce nom puisque c’est le moment où Rome commence à en faire usage pour désigner le sol de la France.