avec laquelle il était plus aisé de s’entendre. Par les articles secrets d’un traité signé à St-Petersbourg en 1764 les deux complices se promirent de maintenir la constitution anarchique de la Pologne. Ce fut la première scène du drame et probablement la plus coupable par son amoralisme. Le prince Repnine s’installa à Varsovie en tant que ministre de Catherine II auprès du roi Stanislas Poniatowski récemment élu. Il y noua des intrigues d’une rare perversité, surexcitant à la fois le parti patriote contre la Russie et les dissidents, orthodoxes et protestants, contre les patriotes. Bientôt il osa faire entrer des troupes russes sous prétexte de se protéger. Des troubles graves éclatèrent en Ukraine ; il y eut d’affreux massacres, plus de cent mille victimes,
Le gouvernement français ne pouvant intervenir directement s’employait à lancer la Turquie contre les Russes. La guerre fut en effet déclarée (1768) mais les troupes ottomanes étaient maintenant bien déchues de leur altière réputation. Elles se firent battre. Frédéric II qui affectait de mépriser le militarisme moscovite déclara que les Turcs étaient « des aveugles vaincus par des borgnes ». Il est de fait que la chance se manifesta contre eux. Mais leurs adversaires ne furent pas sans valeur. La flotte hâtivement équipée à Cronstadt pour venir aborder en Grèce réalisa la plus audacieuse croisière qu’on eût encore conçue. Un hellène au service de la Russie s’y était employé, aidé par les Grecs d’Italie. À l’approche des vaisseaux libérateurs, l’Hellade fut debout. Et sans doute ce fut en vain puisque cette expédition échoua et provoqua de sanglantes représailles. Le débarquement en Morée de même que l’occupation temporaire de Jassy et de Bukarest n’en constituèrent pas moins des événements de profondes conséquences pour l’avenir. Après plusieurs années de négociations devait être conclu le traité de Kaïnardji (1774) qui assurerait à Catherine II la possession de la Crimée et poserait le principe d’une protection russe en faveur des chrétiens orthodoxes soumis à la domination ottomane.
Entre temps l’attentat contre la Pologne avait été perpétré. Catherine qui s’était flattée un moment de pouvoir établir son protectorat sur l’État voisin avait été amenée par Frédéric II à admettre le principe du partage — et même du partage à trois. Car le roi de Prusse qui ne se faisait aucune illusion sur la vilenie de l’acte qu’on allait commettre n’entendait point que l’Autriche n’y fût pas compromise. Il n’eut pas trop de peine à décider Marie-Thérèse malgré ses scrupules de conscience. Depuis 1765