hellènes. En France, M. de Villèle demandait, à propos de la Grèce révoltée « quel grand intérêt on pouvait prendre à cette localité ». Quant au tsar Alexandre, il avait d’abord encouragé le mouvement dont les dirigeants, Ypsilanti, Capo d’Istria… étaient à son service et dont le siège social était à Odessa avant d’être dès 1818 audacieusement transporté à Constantinople ; mais la constitution d’Épidaure, trop démocratique l’en avait détaché. Il en était des Hellènes comme des Roumains. Il les voulait bien tenir sous son protectorat mais non point aider à leur complète émancipation.
Cependant dans le monde entier, émus par les faits d’héroïsme dont l’écho leur parvenait, les « philhellènes » se groupaient. Des volontaires accouraient : Byron, Fabvier, Santa Rosa… ; Eynard à Genève, Owe à Boston recueillaient de l’argent, aidaient par tous les moyens. Le président des États-Unis, Monroe fit scandale en énonçant dans son message de 1823 « la très forte conviction que la Grèce deviendrait de nouveau une nation indépendante ». Encore fallait-il qu’on lui vint en aide car l’empire ottoman aux abois se décidait à réclamer le secours de Mehemet Ali. Le sultan le détestait, ce vassal hautain qui n’était même point de sa race mais comment se passer de lui ? Mehemet faisait payer cher à son suzerain les services rendus. On avait dû lui concéder l’administration de la Crète et de Chypre qu’il venait de reprendre. Pour reconquérir la Morée, il stipula que son fils Ibrahim en aurait le gouvernement ; moyennant quoi il consentit à envoyer une flotte considérable avec des troupes de débarquement.
Il y avait quatre ans déjà que la lutte se poursuivait. L’entrée en scène d’Ibrahim marquait un tournant décisif. « Les Hellènes reculèrent pied à pied, livrant un à un leurs champs dévastés, une à une leurs maisons détruites, continuant d’en appeler à l’Europe d’une voix de plus en plus pressante, de plus en plus mourante aussi ». Au dehors l’opinion s’indignait contre les gouvernements. L’Autriche persistait à traiter les Hellènes de « sujets insurgés » de leur « légitime » souverain, le sultan. Mais à Petersbourg où Nicolas Ier venait de succéder à son frère Alexandre, une politique plus virile tendait à se dessiner. L’Angleterre ne voulant pas laisser à la Russie le bénéfice de l’intervention changea d’attitude. Le 6 juillet 1827 une convention fut signée entre la Russie, l’Angleterre et la France, convention d’esprit si timide qu’avec un peu d’habileté le sultan en eût émoussé la pointe. Mais il se fâcha et provoqua en quelque