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Page:Coubertin - Histoire universelle, Tome IV, 1926.djvu/144

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histoire universelle

que, dès 1856, il jugeait impossible « d’éviter la collision », l’Allemagne étant selon lui « trop étroite » pour « contenir à la fois l’Autriche et la Prusse ». Moltke de son côté a reconnu que la guerre de 1866 avait été longuement « préméditée et préparée ». Napoléon iii commit alors une lourde faute. Bismarck, venu à Biarritz, pour le sonder y reçut des encouragements à s’allier à l’Italie pour attaquer l’Autriche. L’empereur mal renseigné sur l’état des forces en présence escomptait une lutte difficile et sans résultats décisifs mais au cours de laquelle les Italiens auraient l’occasion de récupérer enfin la Vénétie. L’écrasement de l’Autriche à Sadowa (1866) fut si prompt et si complet que, d’un coup, les destins de l’Europe s’en trouvèrent modifiés. Le fameux « concert européen » allait changer de direction. Un chef d’orchestre prussien s’emparait du bâton.

Quant à l’Italie, elle obtint bien la Vénétie. Mais défaits par les Autrichiens sur terre et sur mer, les Italiens se virent contraints d’accepter Napoléon iii comme entremetteur et de lui devoir cette Vénétie dont l’Autriche faisait maintenant le sacrifice en vue de s’assurer une paix générale plus solide. Ils avaient rêvé de ne la tenir que de leur propre valeur et leur orgueil en demeura ulcéré à jamais.

En compensation des retentissants échecs éprouvés en Allemagne, au Mexique, en Italie… la politique française pouvait inscrire à son actif des succès peu remarqués mais dont l’avenir soulignerait l’importance. La péninsule des Balkans en était le théâtre. Le feu y couvait toujours. La Serbie, la Bosnie, l’Herzégovine, le Monténégro, les principautés roumaines donnaient l’impression d’un monde instable, vivant de compromis improvisés. À tous ces peuples chrétiens, opprimés mais non domptés, il faudrait bien finir par assurer des statuts qui leur donnassent avec la liberté une sécurité durable. Aucune nation n’était mieux qualifiée que la France ne l’était par son passé pour intervenir dans ce sens. Dès le congrès de Paris (1856) ses plénipotentiaires avaient élevé la voix en faveur des Roumains. Toujours séparés en deux groupes, ces derniers désiraient de plus en plus vivement l’union qui seule leur donnerait la force de compléter leur émancipation. L’Angleterre et l’Autriche appuyaient la Turquie dans sa résistance. On transigea. Il fut