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entreprendre de ce côté. Par la suite toutefois l’Italie s’implanta en Tripolitaine et en Cyrénaïque mais ce sont là régions méditerranéennes dont l’évolution, certainement, demeurera distincte de celle de l’Afrique noire.


L’UNITÉ DU MONDE
ET LE PROGRÈS HUMAIN

Envisagées du point de vue historique, la notion d’unité et la notion de progrès demeurent essentiellement relatives. Elles ne sauraient conduire à aucun absolu. Quoiqu’il advienne, l’humanité ne réalisera jamais l’uniformité complète pas plus que le progrès ne se confondra avec la perfection. Ces notions ne sont pas davantage connexes à l’idée de continuité mais elles sont apparemment solidaires. L’exemple des sociétés antiques : chinoise, hindoue, égyptienne, perse, hellène… prouve que la corrélation entre le progrès et l’unité s’est affirmée à maintes reprises, étant entendu qu’il s’agit de toute forme d’unité aussi bien politique, religieuse, intellectuelle que simplement territoriale. L’exemple des États barbares établit d’autre part que lorsque la régression s’est produite, elle a eu lieu presque simultanément dans les deux domaines. Mais de même que nous avons vu le mouvement démocratique devoir à l’invention de l’imprimerie le principe de son extension et ne se développer vraiment qu’avec la diffusion de cette invention, de même l’électricité précédée par son chambellan, la vapeur, apparaît comme reine et maîtresse du progrès moderne. Or le progrès qu’elle régente affecte principalement la vie matérielle et la vie sociale. Dans quelle mesure la vie intellectuelle et la vie morale en ont-elles été influencées, voilà ce qui serait à déterminer. La civilisation a ses sceptiques aux yeux de qui tout gain se trouve plus ou moins compensé par une perte — l’abaissement moral servant de rançon à l’amélioration matérielle et la qualité amoindrie répondant au nombre accru. Cette appréciation est empirique. Rien dans les enseignements du passé ne nous oblige à prévoir que le cinéma doive tuer l’art dramatique ou l’automobile dissocier la famille. Autant dire que les chemins de fer ont embrumé la pensée. Nous savons par contre