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Brême, de l’île de Rugen et des bouches de l’Oder à la Suède se légitimait moins aisément. La doctrine de l’équilibre en acquérait quand même une force féconde apte à se développer dans les esprits. Enfin par la substitution d’une organisation fédérale des États de l’empire au régime incohérent dont l’Allemagne avait failli périr s’introduisait l’idée de la collaboration possible de souverainetés superposées mais distinctes, point de départ du fédéralisme moderne.

Le refus de l’Espagne d’adhérer à une paix ainsi construite et la véhémente protestation du Saint-siège contre les principes qui en inspiraient le dessin soulignèrent ce qu’elle renfermait de révolutionnaire. Sans doute parmi les consentants beaucoup n’aperçurent point ce caractère, du moins au degré où il s’affirmait. D’ailleurs des réactions se produiraient dans la suite qui en atténueraient ou en neutraliseraient les conséquences. Les traités de Westphalie n’en créèrent pas moins une Europe nouvelle ; leur esprit durant plusieurs siècles devait animer la diplomatie et inspirer les gouvernements jusqu’à ce que, sous l’influence de Napoléon III, le principe dit des nationalités vienne modifier profondément les conditions de la politique européenne.


LE NOUVEAU MONDE

Novus mundus : expression employée pour la première fois, semble-t-il, dans une lettre de l’explorateur Vespucci publiée en 1507 et dont lui-même ne pouvait mesurer la portée. Car non seulement Christophe Colomb et ses imitateurs n’avaient point eu l’ambition de découvrir un monde nouveau mais, l’ayant découvert, ils ne s’en étaient pas doutés. Depuis près d’un siècle on s’entraînait dans les milieux cultivés à regarder vers l’ouest pour y chercher non la route de l’Asie mais l’Asie elle-même. Qu’il y eût des terres d’accès possible dans cette direction, c’était une donnée tenue pour acquise tant en Islande qu’en Portugal. De vieilles légendes circulaient concernant une île nommée Brazil et d’autres auxquelles on donnait le nom basque de Bacalaos (morues). La reconnaissance successive des Canaries, des Açores, des îles du Cap Vert avait renforcé ces idées. Vers 1474 le florentin Toscanelli déclara péremptoirement que, la terre étant