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le partage de la pologne

raine trouva pour la soutenir tous ceux dont le nouveau régime avait assuré la fortune et qui redoutaient avant tout un retour offensif du parti vieux-russe. Catherine qui d’ailleurs n’était pas sans moyens ne survécut pas longtemps à son époux. Dès 1727 elle disparaissait à son tour. Avec Pierre II, le fils d’Alexis, (1727-1730) les opprimés pensaient prendre leur revanche, mais sa fin prématurée désorienta leur effort. Il n’y avait plus de Romanof qu’en lignée féminine. On alla chercher une nièce de Pierre le grand, Anne à laquelle on imposa des engagements qui limitaient sa souveraineté. Mais le peuple tenait à l’autocratie et l’imposa. Or, Anne, de mœurs déplorables comme la plupart des dirigeants russes d’alors, avait vécu entourée d’allemands et n’aimait qu’eux. Pendant les dix ans de son règne (1730-1740), on peut dire qu’elle leur livra Moscou où elle avait été contrainte de transférer à nouveau la cour et le gouvernement. Une nuée d’aventuriers rapaces à la tête desquels était le favori de l’impératrice (un ancien palefrenier qu’elle fit duc de Courlande) s’abattit sur la Moscovie, l’exploita, la terrorisa. Sitôt Anne disparue, une révolte plaça sur le trône Élisabeth fille de Pierre le grand et de Catherine. Alors pendant vingt et un ans (1741-1762) la Russie respira. Plus d’exécutions, des impôts diminués, des prisonniers libérés, le slavisme rendu à lui-même, l’odieuse tyrannie étrangère écartée. Ce n’était pas qu’Élisabeth eût des mœurs pures ni qu’elle fût instruite ou toujours tolérante mais elle était « nationale ». Tout n’était pas dit cependant. Le prochain règne, celui de Pierre III duc de Holstein et de sa femme Catherine d’Anhalt ramènerait la domination allemande. Mais Pierre III était un incapable. Sa femme le méprisait. À peine empereur, elle le détrôna et prit le pouvoir à sa place. Ainsi débuta le long règne de Catherine II (1762-1796).

Tandis que se succédaient en Russie ces impératrices inattendues, le sceptre des Habsbourg passait également en des mains féminines. L’empereur Charles VI qui avait succédé en 1711 à son frère Joseph Ier était le dernier descendant mâle de Charles-Quint. Tout son règne s’était dépensé à préparer l’accession au trône de sa fille aînée, l’archiduchesse Marie-Thérèse. Or son prédécesseur aussi avait laissé des filles. Si l’on admettait les femmes, celles-ci ne devaient-elles pas hériter en première