à faire selon nous l’homme débrouillard et sûr de lui, comment ne s’évanouirait-elle pas rapidement ? Le difficile n’est-il pas de la préserver bien plus que de l’acquérir ?
Et, à l’appui de cette objection, chacun se souviendra d’avoir maintes fois entendu des hommes encore dans la force de l’âge parler de leurs exploits d’escrimeurs ou de canotiers auxquels les soucis de la carrière ont mis fin — et ajouter d’un ton mélancolique qu’il leur serait impossible aujourd’hui de tenir un fleuret ou de manier un aviron.
La phrase effectivement est courante mais, avant que d’en faire état, il serait sage de vérifier le dire de ceux qui s’en servent. Vous auriez des chances d’apprendre ainsi que le grand escrimeur fréquenta mollement pendant quelques mois de sa vie une salle d’armes peu athlétique et que le puissant rameur, aux environs de ses vingt ans, exécuta une dizaine de fois en compagnie de quelques camarades la descente d’une rivière tranquille, entre deux localités médiocrement distantes l’une de l’autre.
Et, si peu d’entraînement que représente ce passé anodin et lointain, il serait encore suffisant