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et le congrès de berlin.

l’Angleterre, par le souci exagéré de sa neutralité ; la Russie, par la simultanéité d’action qui avait rendu évidente son entente avec la Prusse, nous étaient devenues suspectes. Rien, à proprement parler, ne nous séparait de l’Autriche, et sur plus d’un point nos intérêts étaient identiques ; sur aucun, ils n’étaient en opposition.

Or trois alliances, ou plutôt, trois ententes — le mot alliance impliquant un pacte ferme — ont été possibles ; celles précisément qui, au lendemain de la guerre, apparaissaient comme les plus improbables ; tandis qu’à aucun moment l’alliance franco-autrichienne n’a eu la moindre chance de se réaliser. La première fut l’entente anglaise : elle a séduit un certain nombre d’hommes politiques, d’esprit libéral et réfléchi ; c’était sans doute la moins brillante, peut-être la plus raisonnable et la plus solide[1]. La seconde est l’entente russe ; des hommes d’État dont la France s’honore[2] l’entrevirent, et la préparèrent par des moyens nouveaux ; elle se scella entre peuples avant que d’être seulement convenue entre gouvernants ; mais la volonté formelle de l’empereur Alexandre iii lui donna la sanction sans laquelle elle fût demeurée sans résultat. La troisième fut l’entente allemande. On a accusé Jules

  1. Il est curieux de rappeler ce qu’en disait Gambetta, à la Chambre, le 18 juillet 1882, à propos des affaires d’Égypte : « Eh bien, s’écriait-il, j’ai assez vu de choses pour vous dire ceci : Au prix des plus grands sacrifices, ne rompez jamais l’alliance anglaise… Ce n’est pas pour humilier, pour abaisser, pour atténuer les intérêts français que je suis partisan de l’alliance anglaise ; c’est parce que je crois, Messieurs, qu’on ne peut efficacement les défendre que par cette union, par cette coopération. S’il y a rupture, tout sera perdu. »
  2. Il est juste de mentionner également l’initiative privée qui fit beaucoup pour déterminer un courant de sympathie franco-russe ; au premier rang des influences privées on doit placer celle de Mme Adam.