la Commune (chose que je ne désire point par humanité), elle contribuerait à faire sentir davantage aux Allemands les bienfaits d’une constitution monarchique et augmenterait leur attachement aux institutions de la monarchie[1]. » Mais M. d’Arnim ne se laissait pas convaincre, et ses agissements lui valaient, le 19 juin 1873 (peu après la chute de M. Thiers), d’amers reproches pour avoir su prendre une influence personnelle sur l’empereur Guillaume et l’intéresser à la cause monarchique. « Vous nous avez empêchés, écrit le chancelier, de jeter, en faveur de M. Thiers, tout le poids de notre politique dans la balance[2]. » Toute cette correspondance prouve combien M. de Bismarck avait peine à séparer dans sa pensée la République de la Commune. La reconstitution de l’armée ne lui paraissait possible qu’avec la monarchie ; la notion d’une république pondérée, raisonnable, lui demeurait étrangère. D’autre part, notre relèvement se manifestait déjà à ses yeux ; il ne pouvait pas ne pas le voir ; aussi son attitude devint-elle de plus en plus belliqueuse. « Nous serons prêts, écrivait-il dans une dépêche ultérieure, à faire de nouveau la guerre dès que les actes présomptueux de la France nous y contraindront. » Il recommandait à l’ambassadeur de ne prendre aucune peine pour se concilier les sympathies des Français dont « chaque gouvernement, à quelque parti qu’il appartienne, regardera la revanche comme sa principale mission ». Et fort de l’entrevue des trois Empereurs qui avait eu lieu à Berlin, il se croyait en droit d’exiger, du gouvernement du maréchal, la déclaration que nous regar-
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