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Page:Coubertin - L Evolution Francaise sous la Troisième République, 1896.djvu/111

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l’alerte de 1875

nous travaillerons sans relâche à dissiper tous les malentendus, à prévenir tous les conflits, et nous la défendrons aussi contre les vaines déclamations, contre les regrettables incitations, d’où qu’elles viennent. Qu’on ne nous dise pas que nous compromettons l’honneur et la dignité de la France. L’honneur et la dignité de la France ne sauraient être compromis que par les politiques d’aventure qui la conduiraient fatalement ou à une faiblesse ou à une folie. »

La forme était heureuse et la pensée sage. Il importait de couper court, sans retard, aux compromettantes manœuvres des exaltés qui unissaient dans un même culte Pie ix et don Carlos et ne quittaient Rome des yeux que pour regarder du côté de la frontière d’Espagne, où le prétendant s’efforçait à reconquérir son trône, les armes à la main. Il importait d’autant plus de dégager la responsabilité du gouvernement que l’Allemagne ne se désintéressait ni de la question d’Italie ni de la question d’Espagne. « Je n’ai pas un instant de doute, aurait dit à cette époque le prince de Bismarck, que la revanche désirée en France ne doive être préparée par des complications religieuses en Allemagne. On veut paralyser l’unité allemande. Une partie influente du clergé catholique, dirigée de Rome même, sert la politique française parce qu’à elle se lient les essais de restauration dans les États de l’Église[1]. » C’était l’époque du Kulturkampf[2].

  1. Hippeau, Histoire diplomatique de la troisième République.
  2. Dès 1871, la division catholique au ministère des cultes avait été supprimée. L’année suivante, les Jésuites avaient été expulsés. Enfin le 11 janvier 1873 avaient été déposées les quatre lois dites « de Défense de la civilisation » votées le 24 avril suivant. Quant à l’Espagne, M. de Bismarck, peut-être par crainte de voir le cléricalisme s’y établir avec Don Carlos soutenait énergiquement le gouvernement du maréchal Serrano et