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la france coloniale.

la compagnie française se trouvèrent face à face et, devenues puissances territoriales, poussèrent leur rivalité jusqu’à la lutte armée.

En Amérique, ce fut le nombre qui triompha ; nous avions quinze à vingt mille colons, les Anglais, déjà, étaient deux cent mille ; ils profitèrent de la guerre de la Ligue d’Augsbourg (1690), puis de la guerre de la Succession d’Espagne pour tenter de nous réduire ; le traité de Ryswick (1697) laissa les choses en l’état, mais celui d’Utrecht (1713) nous enleva Terre-Neuve, l’Acadie et les territoires de la baie d’Hudson. La France trouvait, du moins, des compensations en Louisiane, où la colonisation progressait, et dans l’île Maurice, qui, abandonnée par les Hollandais[1], était concédée à la Compagnie des Indes (1721) et voyait, sous l’habile gouvernement de La Bourdonnais, les cultures s’étendre sur son sol et sur ses rivages les villes se fonder. Le traité d’Utrecht, d’ailleurs, ne porta pas le découragement parmi les habitants de la Nouvelle- France : De 1713 à 1744, leur nombre s’éleva de vingt-cinq mille à cinquante mille, et, par l’établissement d’une ligne de forts sur l’Ohio, ils se maintinrent en rapports fréquents avec leurs compatriotes louisianais, se réservant, en quelque sorte, pour un avenir plus heureux. Pendant ce temps, de grandes choses s’accomplissaient dans l’Hindoustan, mais il devenait évident que l’insouciance du Roi et de ses ministres et l’ignorante indifférence de l’opinion stériliseraient tous les efforts de nos colons. En 1739, les Mahrattes, sous Ragoglu, leur chef, avaient dû reculer

  1. Les Hollandais lui avaient donné le nom de Maurice de Nassau. Sous la domination française elle devint l’île de France.