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Page:Coubertin - L Evolution Francaise sous la Troisième République, 1896.djvu/23

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les premières années

combien on s’attendait peu à les voir disparaître si rapidement.

Le Corps législatif comptait, il est vrai, des républicains qui n’avaient jamais dissimulé leurs opinions ni cessé de lutter en vue d’orienter l’avenir dans une direction conforme à leurs vœux. Mais le patriotisme et l’intérêt leur commandaient également de ne point hâter un dénouement qui devait être préjudiciable à la cause de la paix comme à celle de la République. « Nous ne voulions pas, a dit l’un d’eux, que le gouvernement qui est l’idéal de notre vie politique fût inauguré dans les aventures. » Néanmoins, dans l’attente du désastre, que prévoyaient dès lors tous les hommes de bon sens, on envisageait, parmi les députés, l’opportunité d’une sorte de « Comité de la Défense nationale ». Les noms de M. Schneider, président du Corps législatif, du général de Palikao, ministre de la guerre[1], et du général Trochu, gouverneur de Paris, semblaient rallier tous les suffrages. Il demeurait entendu que, s’il devenait nécessaire de créer un gouvernement, on le ferait aussi « anonyme » que possible, de façon à « continuer l’ordre légal[2] » sans engager l’avenir ni rompre ouvertement avec le passé. La régence de l’Impératrice ne passait pas pour une solution sérieuse, et l’agitation que les intérêts dynastiques entretenaient autour du trône semblait n’avoir pas d’écho dans le Parlement.

  1. Le ministère que présidait le général de Palikao avait succédé le 9 août au ministère Ollivier. Il comprenait MM. Henri Chevreau, le prince de la Tour d’Auvergne (affaires étrangères), l’amiral Rigault de Genouilly, Magne, Grandperret, Brame, Clément Duvernois et Jérôme David.
  2. Déposition de M. Jules Ferry devant la commission d’enquête sur les actes du gouvernement de la Défense nationale, instituée en 1872 par l’Assemblée nationale.