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Page:Coubertin - L Evolution Francaise sous la Troisième République, 1896.djvu/239

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la crise (1885-1889).

tère dont il avait fait preuve[1] vota contre lui ; à gauche, le désir d’écarter du pouvoir le général Boulanger causa, dans les rangs des ministériels, de nombreuses défections. La crise fut particulièrement longue et difficile à dénouer. Par esprit d’opposition, l’extrême gauche soutenait le ministre de la guerre ; jamais elle ne s’était montrée plus hargneuse et moins maniable ; tous ses efforts semblaient tendre à compliquer les questions et à les rendre insolubles. C’était bien un de ces partis qui « perdraient dix républiques s’il y en avait dix à perdre, et qui ne seront jamais surpassés dans l’art de précipiter sur la pente des chutes irrémédiables, sans point d’arrêt possible, les institutions démocratiques[2] ». En éloignant le général Boulanger, on s’attirerait le reproche d’avoir cédé « à la peur de l’Allemagne ». Ce reproche se pressentait déjà sur les lèvres des radicaux et des monarchistes ; il fallait, pour l’affronter, du courage et de la vigueur. M. Rouvier se dévoua et forma un cabinet homogène autour duquel il convia à se grouper tous les hommes d’ordre et de bonne volonté, sans distinction d’opinions[3].

On n’en avait pas fini avec l’ex-ministre de la guerre. En quittant la rue Saint-Dominique, le général Boulanger avait lancé, contre l’usage, un ordre du jour à l’armée : il y parlait de « rentrer dans le rang », ce qui était assurément

  1. M. Goblet avait, notamment, dissous le conseil municipal de Marseille qui avait levé sa séance, le 18 mars, en l’honneur de l’anniversaire de la Commune.
  2. E. de Pressensé, Variétés morales et politiques. 1 vol., Paris, 1886.
  3. M. Rouvier choisit pour ses collaborateurs MM. Fallières, Spuller, de Heredia, Dautresme, Barbe, Mazeau, Barbey et le général Ferron ; il maintint le portefeuille des affaires étrangères entre les mains de M. Flourens.