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le triomphe de la république.

Les débats furent amples et sérieux ; on fit d’honnête et discrète besogne. Mais à voir la façon dont, peu après, l’Empereur, faisant volte-face, abandonna la « politique ouvrière » et déclara la guerre aux socialistes, il parut qu’il avait convoqué la conférence de Berlin, moins par intérêt pour les travailleurs que pour accentuer la séparation de sa politique d’avec celle du prince de Bismarck, pour étonner le monde, ou encore pour se préparer l’occasion d’un rapprochement avec la France. Ce qui donna quelque valeur à cette dernière supposition, c’est que moins d’un an après la conférence de Berlin, au mois de février 1891, l’impératrice Victoria, veuve de Frédéric iii, arriva à Paris dans un semi-incognito. Le but avoué de son voyage était d’inviter les peintres français à participer à l’Exposition de Berlin, mais on s’accorda à voir là une avance faite à la République française par Guillaume ii.

Le moment était décisif ; la politique de recueillement cessait d’être possible : l’heure était venue de prendre parti. La République se trouvait une dernière fois libre de choisir entre les trois éventualiiés qui s’étaient dessinées, on peut le dire, dès le lendemain de la guerre de 1870 : la détente avec l’Allemagne, l’entente avec l’Angleterre, l’alliance avec la Russie. Ce fut le tort de l’empereur Guillaume de s’exposer, suivant une parole qu’on lui prête, à ce que les Français ne lui rendissent pas « le coup de chapeau qu’il leur donnait ». Si l’impératrice Frédéric avait voulu faire à Paris un simple séjour d’agrément[1], ses visites aux

  1. Il est à peu près certain que M. Herbette, ambassadeur de France, eut à peine et au dernier moment connaissance du projet conçu par le jeune Empereur, projet qui avait tout de suite séduit le caractère noble et généreux de sa mère, appelée à le réaliser. La souveraine arriva incognito,