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le triomphe de la république.

tique[1], et il entra de la sentimentalité dans l’empressement avec lequel fut couvert l’emprunt russe au mois d’octobre 1891 ; quelques sceptiques firent remarquer que la Russie réclamait un peu vite le prix de ses bons offices, mais le séjour à Paris du chancelier de l’empire, M. de Giers, et des grands-ducs Alexis et Wladimir, prouva qu’elle n’entendait point revenir — l’emprunt souscrit — sur la parole donnée.

L’année 1891, qui vit une alliance politique se substituer à l’isolement de la France, vit, par un contraste piquant, la France substituer au régime des traités de commerce un isolement économique presque complet. Ce fut l’œuvre de M. Méline, député des Vosges, ancien ministre, ancien président de la Chambre, homme d’un incontestable talent et d’une puissance de volonté rare. Avec une persévérance douce que rien ne lassa, il avait poursuivi la formation d’une majorité protectionniste et l’établissement de ce tarif général des douanes auquel les Chambres travaillèrent pendant toute l’année 1891 et qui entra en vigueur le 1er février 1892. Le mouvement datait de loin. La loi sur les sucres, votée en 1884 et relevant les droits abaissés en 1880, avait été, en quelque sorte, la première loi de protection. Elle favorisait l’industrie sucrière et changeait l’assiette de l’impôt, le faisant porter non plus sur les produits de la fabrication, mais sur la betterave : d’où un bénéfice résultant de l’écart entre la présomption légale

  1. Plusieurs conseils généraux s’honorèrent en adressant au Président de la République un hommage bien mérité pour la part qui lui revenait dans la conclusion de l’entente franco-russe. Les conservateurs s’y associèrent.